Je reçois aujourd’hui une enveloppe avec de l’art mail. A l’intérieur papier jaune magnifiquement décoré, comme l’enveloppe. Écriture violette sur papier jaune, du plus bel effet. C’est une cousine qui m’écrit, en Langue d’Oc bien sur, notre langue maternelle. Je lis, tourne la page et stupeur en haut de cette deuxième page, je lis : la Peireto es morto. La Pierrette est morte. La Pierrette. Ma Pierrette. Ma préférée. Celle à qui je donnais le biberon. Celle que je portais dans mes bras fatiguée par notre promenade . Pierrette était différente de ses sœurs. Son teint blanc contrastait et lorsqu’elle apparaissait, elle éclipsait toutes les autres par sa luminosité. Je pleure ma Pierrette, ma Pierrette à la robe plus blanche que la Blanquette de Monsieur Seguin. Ah oui, je ne vous ai pas dit. Pierrette était une cabro, une chèvre, ma préférée.

Celle qui me collait aux mollets lorsque j’emmenais le troupeau paitre dans le bois de peupliers près de la source. Et oui, tous les jeudis (à cette époque lointaine . . . je suis si âgée que cela ! ? ) nous n’avions pas d’école le jeudi, j’allais à la ferme voisine, la fermière me confiait ses chèvres et je m’évadais, avec un livre bien sûr (déjà les contes). Je m’asseyais sur le tapis de mousse près de la rivière bercée par le murmure du vent qui faisait chanter les feuilles. Pierrette gambadait autour de moi, poussait mon livre avec son museau pour m’inviter à jouer avec elle. A dix ans j’étais bergère et combien j’ai aimé cette période. Mais que sont mes jeunes années devenues ? Nostalgie heureuse comme l’écrit si bien Amélie Nothomb.

Colette Laville-Dereau

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