De belles images matinales pour contempler et s’inspirer envoyées par Marie-France Vestier.

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Hélas, la réalité rattrape Gudule…


La porte ! Mais quelle porte ? Une voix s’élève :« Votre attestation, s’il vous plait ? »Je sors le papier froissé de ma poche, en réprimant un bâillement.« Vous êtes en règle. Mais il ne faut pas stationner sur ce mur. »Le premier agent s’éloigne, le second me fait un clin d’œil bienveillant, rejoint son collègue : » C’est bizarre. C’est la troisième fois cette semaine que quelqu’un dort, perché sur le petit mur en face de la librairie. »

Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre !

La librairie !!!…La librairie ???… C’est vrai, je suis en face de cette librairie abandonnée à laquelle je ne prête plus attention depuis longtemps. La peinture est si écaillée qu’il faut deviner les caractères de l’enseigne. Mais c’était bien une librairie. Les volets sont disjoints, exhibant les blessures infligées par les visiteurs indélicats. Les lambeaux de l’affiche d’un concert dansent encore, presque éthérés dans la brise d’automne ; on devine à peine une liste de candidats à une élection oubliée et l’avis de recherche d’un chat dont ne subsiste plus que la photo délavée. Heureusement qu’éclate le message subliminal : N…e ta m..e, pour réveiller en gros caractères noirs ces traces quelque peu moroses du passé.

Je descends du mur et je reprends mon sac, il est si lourd que j’ai fait une petite pause, mais il faut que je rentre chez moi. Quelle idée d’avoir acheté ce sac de pommes de terre en promotion ?

J’ai un peu mal à la tête en ayant la sensation diffuse d’avoir fait un rêve étrange. Mais je ne me souviens plus de rien. La rue est presque déserte. Quelques feuilles mortes glissent lentement sur le trottoir avant de venir mourir dans le caniveau. Le ciel est bleu, de ce bleu embrumé par l’automne. De temps à autre passe un voile plus épais, très vite gommé. En fait, le ciel est vide, totalement vide, sans vie, sans âme. Les grues sont-elles passées cette année ? Je ne les ai pas entendues.

Et je continue à marcher, voûtée. Le sac de pommes de terre est lourd, mais je l’ai déjà dit……

FIN

Gudule

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