Oui, elle est là car Hulotte a une vue perçante, on sait bien, et persane car elle est persane…

De surcroît, sa sensibilité exacerbée a compris le message ému d’un amoureux transi et, au travers ses narines, les effluves d’un impétueux besoin.

Certes, les vers ne sont pas ceux d’un Cyrano mais elle ne prétend pas être Roxane.

Et elle est donc bien là, aux côtés de celui dont elle rêve depuis tant de jours. Enfin ses prières ont été entendues.

En s’approchant, elle frôle un poil un peu humide; Ah! sa maîtresse quelle peste certains jours; elle ne comprend rien au langage des matous. On se demande même si elle comprend…mais bref!

Fregull est encore plus beau la nuit et ce refrain, modestement retravaillé, lui trotte en tête : il a les yeux revolver, il a le regard qui tue…

Cette nuit est si belle! Les étoiles ont doublé leur nombre et leur éclat : Séléné veille bien sûr… Aurore, ce sera pour après…Les arbres se penchent avec attention et délicatesse. Le hibou, un peu voyeur, mais discret malgré tout, retient son hululement. Pas un bruit, seul le chuchotement du vent dans les frondaisons compose une ode aux amoureux.

L’instant est intense, le suspens palpable, mais qui va faire le premier pas?

Fregull prend l’initiative. Il s’oriente vers une tonnelle où les rosiers font écran au reste du monde.

Hulotte le suit, quelques pas derrière. Elle est dans son sillage, elle nage dans le bonheur, elle vogue dans l’éther.

Qui a dit que la vie était dure parfois?

Il grimpe sur un banc l’invitant à une proximité. Elle bondit.

Et alors, commence une roucoulade inattendue:

« H : Je t’attends depuis maintes heures.

Tu es mon héros. Je t’admire.

Ah! ton poil, ton poil, quelle douceur

Ma patte ne peut se retenir.

 

F : Miaouille. Miaouille

Ce que tu me fais là me chatouille

Et me donne le frisson.

Alors, c’est bon?

 

H : C’est tellement bon d’être à tes côtés

Oh mon gentil, mon charmant Fregull!

Combien de fois l’ai je prononcé

Ce prénom que je chante et adule…

 

F : Fregull? Un nouveau?

Moi, j’connais Francis l’costaud.

J’connais l’Turbin.

J’connais même Jean Gabin.

Tu vois, c’est pas d’la frime,

Je rime! »

 

H : Que j’aime entendre ta voix mâle

Que j’aime la brillance de tes yeux

Que j’aime tes paroles gutturales

Dieu, que l’instant est délicieux!

 

F : Ouais c’est vraiment chouette, ma Hulotte.

J’connais ton nom, j’lai entendu :

Ta maîtresse l’a dit. Tu m’bottes

Turlu Turlu Turlututu?? « 

 

Mais mais mais…

Écrit par Bambou

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