Toujours enfermée dans la librairie, Gudule rencontre les personnages sortis des livres…mais quelques uns ne sont pas sympathiques…

Ce hurlement qui retentit dans la pénombre de la librairie nous glace jusqu’ au sang, mais il nous donne des ailes et nous nous envolons là-haut, tout là-haut, entre deux ouvrages sur la dernière étagère.

C’est le tout petit jour, entre chien et loup. Devant la fente du volet passe un chien, pas de doute, c’est le chien des Baskerville qui rejoint le rayon des romans policiers. Alors ce cri horrible ne peut être que celui du …

NON !!!!!!! ! SI !!!!!!!

Maintenant, nous distinguons dans la pénombre ses grandes oreilles velues, ses yeux de braise, sa longue langue sanguinolente qui jaillit de sa gueule immense et surtout ses crocs acérés. C’est LE GRAND MECHANT LOUP. Il cherche, il nous cherche, c’est évident. Nous tremblons si fort d’épouvante et nos mâchoires claquent si violemment que toute l’étagère se met à vibrer, entraînant dans un dangereux mouvement d’oscillation tout ce qu’elle porte. Le livre voisin s’entrouvre alors sur deux petites filles tout d’abord contrariées d’avoir été dérangées en plein sommeil, mais très vite souriantes et gracieuses.

Nous reconnaissons Delphine et Marinette, elles connaissent bien le loup puisqu’il les a mangées. Dans le conte de Marcel Aymé, elles sont libérées par leurs parents et malgré cette désagréable mésaventure, elles continuent à trouver le loup sympathique. Elles nous rassurent : nous ne risquons rien. Le monstre ayant perdu l’odorat à cause du coronavirus, il ne peut nous détecter si nous reprenons notre sang-froid et restons tranquilles. Guidés par leur douce voix d’enfants des contes, nous suivons le triste destin du grand méchant loup.

Lorsque la rumeur d’un possible confinement s’est répandue par monts et vallées, Mère-Grand qui vivait encore dans sa maisonnette au fond de la forêt a été placée d’office dans un EHPAD afin qu’elle puisse vivre en toute sécurité à l’abri de la pandémie. Comme sa petite fille n’a plus le prétexte d’aller porter un pot de confiture à son aïeule et qu’elle ne peut plus se déplacer à plus d’un kilomètre de son domicile, elle n’a plus d’excuse pour traîner dans la forêt comme à son habitude. Maintenant, le loup erre affamé : plus de petit Chaperon Rouge, plus de Mère-Grand à se mettre sous la dent, même si cette dernière est plus coriace et moins appétissante.

Pendant ce récit, nous remarquons bien sur le rayon des fables un autre loup gras comme un moine bénédictin. Il n’a aucun problème lui pour trouver l’agneau dans les plaines et les montagnes de Lorraine. Il se moque discrètement de ce snob qui refuse de changer son régime alimentaire en période de crise. L’agneau reste un produit de première nécessité, ce qui n’est certainement pas le cas pour les grands-mères et les fillettes, mets habituel s du grand méchant loup qui continue à hurler sa colère et sa faim.

Il nous a fait tellement peur que nous refusons d’éprouver la moindre pitié à son égard, malgré les supplications de Delphine et Marinette.

Le jour se lève peu à peu et nous allons hélas oublier qu’il faut tourner sa langue sept fois avant de parler….*

Gudule

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