Après avoir aidé le prince de La Belle au Bois Dormant, Gudule va voler au secours de celui de Cendrillon. Les temps sont durs pour les héros…
Toujours plongés dans l’ombre rassurante de la librairie, nous écoutons le récit du prince charmant. Les yeux embués de larmes et la voix entrecoupée de sanglots, il nous raconte qu’il n’a qu’un souhait : retrouver la dulcinée promise par le conte.
Comme convenu, Il a organisé un grand bal, ou plutôt il a voulu le faire en ces temps troubles dominés par le coronavirus.
Les salles des fêtes publiques et privées sont interdites au public. Qu’à cela ne tienne, le bal se tient sous les frondaisons dans le parc du château. Les réseaux sociaux ont su dispenser la nouvelle de cette rave-party en toute discrétion comme à leur habitude.
Il sait que Cendrillon s’enfuira à minuit en abandonnant sa précieuse pantoufle. La bonne fée le met en garde : certes, c’est l’automne et donc la saison de la citrouille nécessaire à l’exercice de son art, mais les magasins qui vendent des chaussures, produits non essentiels, sont fermés, elle n’est pas certaine de trouver chez ZonAma le modèle de qualité qu’elle pourra transformer en pantoufles de verre ou de vair, selon son humeur du moment. Elle a en effet déjà constaté que sa baguette magique n’a aucun effet sur les articles synthétiques made in China.
Le soir, une foule d’ombres masquées s’engouffre par la petite porte cochère dans le parc. La lune bienveillante allume une myriade d’étoiles sur les gouttes de rosée et dans cette atmosphère de clair-obscur si romantique, le prince ne tarde pas à être séduit par une jeune fille dont il devine la finesse et l’élégance. Il se promet d’être vigilant à minuit pour ne pas la perdre de vue.
Lorsque l’horloge du château sonne vingt-deux heures, un frisson d’effroi attisé par le vent parcourt l’assemblée parce que des lumières au loin annoncent l’arrivée de la maréchaussée. C’est le couvre-feu qui s’ajoute au confinement et à l’interdiction des rassemblements de plus de six personnes. Et chacun s’enfuit comme il peut. Le prince se retrouve tout seul, sa dulcinée a disparu avec ses baskets sur une trottinette électrique. Courageux mais pas téméraire, il file vite se réfugier à sa place habituelle dans le livre de contes pour échapper aux forces de l’ordre.
En fait, ce héros nous semble plutôt ennuyeux, mais nous sommes polis. Nous voulons le plaindre, le réconforter en le prenant dans nos bras, mais un hurlement atroce retentit…. Qui est là ?*
Gudule
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La belle au bois dormant…au temps du coronavirus
🤗👍
Merci pour ces versions « actualisées » des contes de fées. C’est terrible, à notre époque, même les princes charmants, masqués, ne peuvent accomplir leurs missions. Où va-t-on ???