VAGABONDAGE

Le torrent rebondit comme une gazelle agile

Il transporte fétus, pierres aux couleurs jolies.

Quand il aura fini ses cascades puériles,

Dans un fleuve assagi il trouvera un lit.

 

Le soleil, témoin muet de tous ses artifices

Le verra s’enfoncer dans un océan bleu

Et le ciel amusé de ses menus caprices,

Lui offrira, joyeux, un arc en ciel de feu.

 

Marie-Madeleine NAUDON

 

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Je reçois aujourd’hui une enveloppe avec de l’art mail. A l’intérieur papier jaune magnifiquement décoré, comme l’enveloppe. Écriture violette sur papier jaune, du plus bel effet. C’est une cousine qui m’écrit, en Langue d’Oc bien sur, notre langue maternelle. Je lis, tourne la page et stupeur en haut de cette deuxième page, je lis : la Peireto es morto. La Pierrette est morte. La Pierrette. Ma Pierrette. Ma préférée. Celle à qui je donnais le biberon. Celle que je portais dans mes bras fatiguée par notre promenade . Pierrette était différente de ses sœurs. Son teint blanc contrastait et lorsqu’elle apparaissait, elle éclipsait toutes les autres par sa luminosité. Je pleure ma Pierrette, ma Pierrette à la robe plus blanche que la Blanquette de Monsieur Seguin. Ah oui, je ne vous ai pas dit. Pierrette était une cabro, une chèvre, ma préférée.

Celle qui me collait aux mollets lorsque j’emmenais le troupeau paitre dans le bois de peupliers près de la source. Et oui, tous les jeudis (à cette époque lointaine . . . je suis si âgée que cela ! ? ) nous n’avions pas d’école le jeudi, j’allais à la ferme voisine, la fermière me confiait ses chèvres et je m’évadais, avec un livre bien sûr (déjà les contes). Je m’asseyais sur le tapis de mousse près de la rivière bercée par le murmure du vent qui faisait chanter les feuilles. Pierrette gambadait autour de moi, poussait mon livre avec son museau pour m’inviter à jouer avec elle. A dix ans j’étais bergère et combien j’ai aimé cette période. Mais que sont mes jeunes années devenues ? Nostalgie heureuse comme l’écrit si bien Amélie Nothomb.

Colette Laville-Dereau

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L’Invisible Dominateur de Monique DELLALE

Technique : Huile au couteau

Dimensions : 1,15m x 0,95m

« …le tableau de confinement que je viens de terminer… »

Monique Dellale

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Le Château du Charmois

Les soirs de pleine lune, un soupçon de liberté tremble sur la ville endormie. Les portes rouillées de la culture grincent en s’entrebâillant doucement et le Charmois bruit de l’espoir de la réouverture en faisant danser des ombres sous les frondaisons.

Les fantômes des prisonniers quittent la minuscule éternité effacée sur les murs et rejoignent dans le parc les œuvres inachevées, autres prisonnières du temps.

Ici, derrière un bosquet, l’ébauche du portrait d’une jeune fille rêve que son sourire à l’huile carmin sera un jour si énigmatique qu’il rejoindra une célèbre dame dans un très grand musée. Plus loin, sous les arbres centenaires, la statue d’un éphèbe rampe en quête de jambes de stéatite. Là, devant une flaque d’eau, un paysage maritime secoue la poussière des jours qui s’est mêlée à la poudre du pastel. Là-haut, les rimes d’un poème errent entre les arbres à la recherche du temps perdu. Dans une allée, un attroupement de dates historiques attend que quelqu’un vienne les mettre en ordre pour continuer la marche des heures de Vandoeuvre.

Des larmes scintillent partout dans le parc, évoquant celles du Christ pleurant la mort de Lazare. Vont-elles créer une autre Eloa ? Des anges semblent en effet passer à tire d’ailes feutrées. Instant suspendu, à l’orée d’un autre monde.

Peut-être, mais en attendant, une aquarelle attend à l’entrée le retour de son modèle, un certain chat tout noir, le véritable maître des lieux qui, le moment venu, fera disparaître définitivement les fantômes de la nuit.

Gudule

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Orchidée de Marc SOUDE

Mosaïque en carton d’emballage

« Réalisé en recyclant le couvercle d’une boîte de fromage ».

Catherine Soude

 

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Habituée à mes racines blanches. Ne riez pas, c’est vrai . Rdv chez le coiffeur. Tiens, des copines doivent attendre 3 semaines p un rdv, moi 2 jours. Pourquoi ? Parce que je suis connue ? Parce que j’ai un caractère de cochon et que mon coiffeur veut se débarrasser de moi au plus vite ? Mystère. Mais revenons à mes cheveux. Figurez-vous que j’ai vu dans un magazine people plusieurs stars avec des mèches ou des cheveux rose. Original et très doux. Après ce confinement interminable j’ai besoin de douceur Alors je découpe une photo qui me plait. Oui je sais et vous le savez, je vis à l’ancienne. Les jeunes bien sur prennent la photo sur leur smartphone. Donc, je veux ca, dis-je au coiffeur qui ne manifeste rien, pas même un haussement de sourcil. Il faut tout décaper, me dit-il Souvenez vous mes cheveux sont rouges à part mes racines.

Mais, car il y a un mais, mon opulente chevelure a beaucoup souffert de ce confinement et mes cheveux ne sont plus aussi costauds qu’avant. De plus il ne possède pas le rose tendresse que je souhaitais et me propose un fuchsia, mais ajoute-t-il, sans décoloration cela ne prendra pas. J’insiste. Oui je suis têtue, mais ca vous le savez. Alors teinture rouge comme d’habitude et fuchsia sur certaines mèches. Bien sur, il avait raison, tout est comme avant. Mais ce rose tendresse est toujours DANS ma tête à défaut d’être SUR ma tete. Alors lorsque mes cheveux auront retrouvé leur vigueur, s’ils la retrouvent un jour, car changer de décennie et quelle décennie, cela change un corps . . . mais pas l’humour ! vous me reconnaitrez de suite à ma chevelure rose tendresse. Quant au caractère, lui, il reste toujours rouge tout feu tout flamme !

Colette Laville-Dereau

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