MISE A JOUR le 21/04/2021
Viviane AUVEILER est une des poétesses  des « Gens de Plume » de l’AAAHV. Plusieurs fois primée dans des concours littéraires régionaux et nationaux, elle vient de sortir  deux livres intitulés « Amours&Des-Amours » et « Au Fil de Mes Rêveries & de Mes Larmes« . Avant de nous faire connaître les détails de ces parutions, Vicky se présente :

« Je suis née à Nancy. Mon père était musicien et j’ai passé une partie de mon enfance à le suivre dans ses concerts.

A l’âge de 4 ans, je suis entrée au cours de danse mais dès que j’ai su lire, je me suis prise de passion par la littérature. Les « Malheurs de Sophie » est le premier livre que j’ai lu.

J’ai écrit ma première poésie quand j’avais 9 ans «Le Petit Crocodile».

Viviane Auveiler

L’auteure nous parle d’Amour&Des-Amours  :

« En 2019, en fouillant dans un tiroir, j’ai retrouvé une vieille lettre d’amour qui m’a inspiré ce roman épistolaire, librement adapté d’une histoire vraie »,… « est un roman plein de rebondissements, parsemé d’intrigues, de rivalités, de secrets, de bonheur et de déceptions mais c’est avant tout une bouleversante histoire d’amour entre deux êtres au coeur brisé« . La lettre « Déclaration d’Amour » extraite de ce livre a reçu le prix Marguerite de Valois de l’Académie Internationale l’École de la Loire. (voir ICI

Titre : Amour&Des-Amours
Auteure : Viviane Auveiler
Parution : 2021
Éditeur : auto édition
Format : 21,9cm x 29cm
Nombre de pages : 146
Prix : 15 €
Contact : viviane.auveiler@yahoo.com

 

Et à propos d’ Au Fil de Mes Rêveries & de Mes Larmes :

« Des récits de poésie inspirés sur mon ressenti et mes émotions du moment, entre 2018 et 2020. Une cinquantaine de textes répartis par thèmes en 2 tomes, dont certains ont été primés :

Tome 1 : Au fil de mes rêveries & de mes larmes

Tome 2 : Il suffirait d’un peu d’amour – textes concernant la vie moderne au temps de la technologie mais aussi des poèmes méditatifs (voir la description complète sur le dos de couverture)

Titre : Au Fil de Mes Rêveries & de Mes Larmes
Auteure : Viviane Auveiler
Parution : 2021
Éditeur : auto édition
Format : 21,9cm x 29cm
Nombre de pages : 104
Prix : 15 €
Contact : viviane.auveiler@yahoo.com

 

 

LISTE DES PRIX REÇUS PAR VIVIANE AUVEILER (2018-2021)

Découvrez ses textes primés :

Septembre est arrivé !*

Recueil de textes de Viviane Auveiler*

Dis-moi, mon coeur*

*@Les textes sont protégés par le droit d’auteur, toute copie est interdite.

 

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Un sms reçu un dimanche matin par notre Poétesse Gudule qui m’écrit : « Aujourd’hui je sens que je vais m’ennuyer » Mon retour : « Moi aussi » Alors nous allons prier nos Saintes préférées. Pour Gudule Ste Fainéante et pour moi Ste Oisiveté qui me correspond en ce moment puisque sans association. Je prie aussi celle que je vénère de plus en plus Ste Glandouille et Gudule m’avoue qu’elle aussi l’aime bien. Et vous mes Soeurs et Frères Poètes, quelle Sainte ou Saint a votre préférence en ces temps bizarres de confinement, déconfinement, de distances, de Désirs ou de non Désirs ? Bien sur il y a St Espoir, St Projets, mais ils me fatiguent et en plus ne sont pas fiables en ce moment. Je retourne me blottir dans les bras de Ste Glandouille en attendant de lire vos choix de Saintes ou de Saints Votre défi ? Me faire entrer dans les pas d’une Sainte active. Mes biens chères Soeurs, mes biens chers Frères Poètes trempez votre plume d’ange dans l’encre rose du Désir pour invoquer votre Saint ou Sainte.

Colette Laville-Dereau

 

Il faut que je l’avoue, ma vraie vie a commencé le jour…. où une amie m’a offert une image d’Epinal représentant Sainte Fainéante, la bonne patronne des paresseuses.

Depuis ce jour, j’entends une douce voix qui me susurre à l’oreille : « Remets toujours au lendemain ce que tu pourrais faire le jour même ». Je m’efforce bien sûr de suivre ce précepte à la lettre.

Et mon bonheur est devenu complet avec le confinement.

 « Pourquoi faire le ménage puisque personne ne vient plus chez toi ? » m’a soufflé la sainte le jour où j’ai maladroitement bousculé son tableau avec mon plumeau.

« A quoi sert de te donner tant de peine pour une attestation et … trois fois le tour du quartier en une heure chaque jour ? a soupiré la voix de la sagesse alors que je pestais contre l’imprimante qui refusait obstinément de me livrer l’imprimé.

D’ailleurs, elle me demande à l’instant à quoi sert d’écrire à son sujet. Elle a raison, je vais vite conclure le propos.

Donc, je suis maintenant totalement dévouée à ma sainte protectrice, et je passe mes journées dans une paisible oisiveté qui me ravit. Vous me dites que je suis un mauvais exemple. Je m’inscris en faux. De nombreux auteurs ont fait l’éloge de la paresse. Les vers du poème de Saint-Amant me reviennent à l’esprit :

… « Je rêve dans un lit où je suis fagoté

Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté… »

Ils sont très justes en ce qui me concerne d’ailleurs. C’est vrai que je ressemble de plus en plus à … un pâté.

Gudule

 

Sainte Espérance ou Sainte Patience ?

Entre les deux mon cœur balance…

J’invoque aussi Sainte Science

Lui demandant une clairvoyance sans nuances,

Pour mener ce virus à sa décheance,

Délivrer les sourires et l’insouciance,

Libérer de ses masques l’ambiance,

Laisser la joie entrer dans la danse.

 

Margaux

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Aujourd’hui vaccination. Lequel as- tu choisi ? M’a-t-on demandé. Je n’ai rien demandé et j’ignorais que l’on pouvait choisir. Arrivée au Centre, le nom était inscrit sur ma fiche. Donc vous le voyez impossibilité de choisir. Tout s’est bien passé. Plus tard, chez moi quelques symptômes : manque de concentration, les idées vagabondes, pas d’énergie pour faire quoi que ce soit. Revêrie, imagination, refaire le film. Mal au bras ? Fièvre ? Courbatures ? Je ne comprends pas vos questions. De quoi me parlez-vous ? Ah oui bien sur j’ai oublié de vous dire que je ne parlais pas du vaccin mais du super beau médecin qui s’est occupé de moi Laissez moi rêver . . .

Colette Laville-Dereau

Tous les « Billets de Colette » ICI

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L’arbre de la vie – Affiche de Gustav Klimt

“Le souvenir est le parfum de l’âme”

Avant, j’étais plus jeune (vérité de La Palisse). J’étais plus mince, mais toujours avec des formes inspirantes. Pour qui? Je vous laisse deviner.

Avant, j’étais très souvent sifflée dans la rue, mais, naïve, je pensais que j’avais peut-être mon ourlet de robe décousu ou autre chose qui clochait. Mais je n’ai jamais pensé que c’était pour mon physique. Naïve, je le répète, je l’étais.

Dans les clubs de vacances, je ne ratais aucune danse. J’aurais pu tenir un carnet de bal comme à une certaine époque. Les animateurs venaient constamment me chercher pour participer aux différentes activités.

Et la plage, impossible d’être tranquille. Un inconnu s’allongeait toujours à côté de moi et essayait d’engager la conversation et moi je me retranchais derrière la lecture d’un livre.

Mais ça, c’était avant.

À présent, quelques kilos en trop et quelques rides en cadeau, il m’arrive encore d’être draguée, mais là, je ne suis plus naïve, car les quadras ne voient en moi que la femme d’un certain âge, ou d’un âge certain, comme vous voulez, qui, dans leurs têtes de linotte s’imaginent que toutes les femmes âgées sont “bourrées de fric.”

Alors pleuvent les : « Je préfère les personnes plus mûres, elles sont plus intelligentes, plus cultivées que les minettes de mon âge ».

Halte Messieurs ! Ne perdez pas votre temps avec moi. Et en plus vous me faites perdre le mien, que je préfère remplir de lecture ou d’écriture plutôt que d’écouter vos sornettes.

Mais le plus grand changement qui vient d’arriver, c’est que maintenant dans les clubs ou associations, on me présente toujours comme « Voici notre Doyenne ». Les premières fois je pestais pour ce terme. À présent, je ne dirais pas que je suis ravie, mais je l’accepte.

Car Doyenne = Sage

Alors je suis la Doyenne avec le statut de sage.

En plus je suis chouette ! Et oui, puisque la chouette est le symbole de la sagesse.

Chouette, je vais vivre pleinement ce statut de Doyenne et de Sage.

Mais…

« Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croît. »

François de la Rochefoucauld

Colette Laville-Dereau

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Hélas, la réalité rattrape Gudule…


La porte ! Mais quelle porte ? Une voix s’élève :« Votre attestation, s’il vous plait ? »Je sors le papier froissé de ma poche, en réprimant un bâillement.« Vous êtes en règle. Mais il ne faut pas stationner sur ce mur. »Le premier agent s’éloigne, le second me fait un clin d’œil bienveillant, rejoint son collègue : » C’est bizarre. C’est la troisième fois cette semaine que quelqu’un dort, perché sur le petit mur en face de la librairie. »

Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre !

La librairie !!!…La librairie ???… C’est vrai, je suis en face de cette librairie abandonnée à laquelle je ne prête plus attention depuis longtemps. La peinture est si écaillée qu’il faut deviner les caractères de l’enseigne. Mais c’était bien une librairie. Les volets sont disjoints, exhibant les blessures infligées par les visiteurs indélicats. Les lambeaux de l’affiche d’un concert dansent encore, presque éthérés dans la brise d’automne ; on devine à peine une liste de candidats à une élection oubliée et l’avis de recherche d’un chat dont ne subsiste plus que la photo délavée. Heureusement qu’éclate le message subliminal : N…e ta m..e, pour réveiller en gros caractères noirs ces traces quelque peu moroses du passé.

Je descends du mur et je reprends mon sac, il est si lourd que j’ai fait une petite pause, mais il faut que je rentre chez moi. Quelle idée d’avoir acheté ce sac de pommes de terre en promotion ?

J’ai un peu mal à la tête en ayant la sensation diffuse d’avoir fait un rêve étrange. Mais je ne me souviens plus de rien. La rue est presque déserte. Quelques feuilles mortes glissent lentement sur le trottoir avant de venir mourir dans le caniveau. Le ciel est bleu, de ce bleu embrumé par l’automne. De temps à autre passe un voile plus épais, très vite gommé. En fait, le ciel est vide, totalement vide, sans vie, sans âme. Les grues sont-elles passées cette année ? Je ne les ai pas entendues.

Et je continue à marcher, voûtée. Le sac de pommes de terre est lourd, mais je l’ai déjà dit……

FIN

Gudule

VOIR AUSSI :

La belle au bois dormant…au temps du coronavirus

Cendrillon au temps du coronavirus

Le Petit Chaperon Rouge au temps du coronavirus

Drame dans la librairie

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C’est la panique dans la librairie où Gudule se trouve enfermée. Les volatiles sortis des livres des contes sont dans tous leurs états. Mais à la fin…

Soudain, une petite poule blanche vient sauter sur les genoux de Marinette. Nous la reconnaissons : c’est elle qui a réussi à trouver la solution du difficile problème que la maîtresse avait donné aux fillettes dans le conte de Marcel Aymé. Elle prévient qu’elle va faire un petit tour avant de revenir pondre un œuf.

Nous intervenons vivement. Non, non, et non. C’est la grippe aviaire, les volailles doivent être confinées. De désespoir, la petite poule émet ces cris stridents que le citadin ne supporte pas à la campagne. Très vite, les oies sauvages qui comprennent qu’elles vont être les premières accusées de transmettre ce virus se joignent au concert de lamentations, tout en rêvant des paradis lointains auxquels il leur faudra peut-être renoncer. Refusant d’être prisonniers, Le héron, le corbeau et leurs parents des fables scandent un chant de guerre, accompagnés par le bataillon de tous les oiseaux qui susurrent habituellement la romance sur les fenêtres des princesses.

Les oreilles cassées par tout ce tintamarre, nous sommes désespérés, surtout quand la cigogne déplore de ne plus pouvoir apporter de bébés en Alsace. Pour réparer notre erreur, nous prenons la parole, le plus fort que nous pouvons. La situation des bêtes à plume est moins grave que celle des visons qui sont tous tués dans les élevages au Danemark en raison d’une mutation du coronavirus. Le vison qui apparaît très peu dans les contes est méprisé comme tout étranger par les bêtes à poil présentes, même si on admire en secret le brillant et le soyeux de son pelage, mais cette nouvelle qui évoque un possible génocide affole tellement que les hurlements des loups se joignent aux cris des renards, des belettes et des petits lapins.

La situation devient incontrôlable, les plaintes se multipliant plus vite que le coronavirus. Une grenouille, bête ne portant ni poils ni plumes, veut profiter de cette agitation qui ne la concerne pas pour se faire aussi grosse que le bœuf. Emportée par son zèle, elle explose. Une conduite de gaz défaillante ? Une manif qui dégénère ? Un attentat ? C’est la panique.

Les étagères commencent à tanguer, les vagues de protestation nous submergent dans un océan de reproches, nous savons bien que nous sommes responsables, nous avons le mal de mer et pensons que nous allons couler.

Soudain, le volet de la librairie s’ouvre . Tout devient brusquement silencieux et paisible autour des rangées de livres poussiéreux que nous voyons à présent nettement. Même le grand méchant loup qui nous a fait si peur a disparu. Nous sommes stupéfaits. Pourquoi ce calme soudain ?

Mais qui a ouvert la porte?*

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Toujours enfermée dans la librairie, Gudule rencontre les personnages sortis des livres…mais quelques uns ne sont pas sympathiques…

Ce hurlement qui retentit dans la pénombre de la librairie nous glace jusqu’ au sang, mais il nous donne des ailes et nous nous envolons là-haut, tout là-haut, entre deux ouvrages sur la dernière étagère.

C’est le tout petit jour, entre chien et loup. Devant la fente du volet passe un chien, pas de doute, c’est le chien des Baskerville qui rejoint le rayon des romans policiers. Alors ce cri horrible ne peut être que celui du …

NON !!!!!!! ! SI !!!!!!!

Maintenant, nous distinguons dans la pénombre ses grandes oreilles velues, ses yeux de braise, sa longue langue sanguinolente qui jaillit de sa gueule immense et surtout ses crocs acérés. C’est LE GRAND MECHANT LOUP. Il cherche, il nous cherche, c’est évident. Nous tremblons si fort d’épouvante et nos mâchoires claquent si violemment que toute l’étagère se met à vibrer, entraînant dans un dangereux mouvement d’oscillation tout ce qu’elle porte. Le livre voisin s’entrouvre alors sur deux petites filles tout d’abord contrariées d’avoir été dérangées en plein sommeil, mais très vite souriantes et gracieuses.

Nous reconnaissons Delphine et Marinette, elles connaissent bien le loup puisqu’il les a mangées. Dans le conte de Marcel Aymé, elles sont libérées par leurs parents et malgré cette désagréable mésaventure, elles continuent à trouver le loup sympathique. Elles nous rassurent : nous ne risquons rien. Le monstre ayant perdu l’odorat à cause du coronavirus, il ne peut nous détecter si nous reprenons notre sang-froid et restons tranquilles. Guidés par leur douce voix d’enfants des contes, nous suivons le triste destin du grand méchant loup.

Lorsque la rumeur d’un possible confinement s’est répandue par monts et vallées, Mère-Grand qui vivait encore dans sa maisonnette au fond de la forêt a été placée d’office dans un EHPAD afin qu’elle puisse vivre en toute sécurité à l’abri de la pandémie. Comme sa petite fille n’a plus le prétexte d’aller porter un pot de confiture à son aïeule et qu’elle ne peut plus se déplacer à plus d’un kilomètre de son domicile, elle n’a plus d’excuse pour traîner dans la forêt comme à son habitude. Maintenant, le loup erre affamé : plus de petit Chaperon Rouge, plus de Mère-Grand à se mettre sous la dent, même si cette dernière est plus coriace et moins appétissante.

Pendant ce récit, nous remarquons bien sur le rayon des fables un autre loup gras comme un moine bénédictin. Il n’a aucun problème lui pour trouver l’agneau dans les plaines et les montagnes de Lorraine. Il se moque discrètement de ce snob qui refuse de changer son régime alimentaire en période de crise. L’agneau reste un produit de première nécessité, ce qui n’est certainement pas le cas pour les grands-mères et les fillettes, mets habituel s du grand méchant loup qui continue à hurler sa colère et sa faim.

Il nous a fait tellement peur que nous refusons d’éprouver la moindre pitié à son égard, malgré les supplications de Delphine et Marinette.

Le jour se lève peu à peu et nous allons hélas oublier qu’il faut tourner sa langue sept fois avant de parler….*

Gudule

VOIR AUSSI :

La belle au bois dormant…au temps du coronavirus

Cendrillon au temps du coronavirus

*Drame dans la librairie

Épilogue des contes de fées au temps de coronavirus

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Nous restons sagement dans notre périmètre d’un kilomètre autour de notre domicile…mais notre imagination, elle, s’envole vers les forêts enneigées grâce à Colette Laville-Dereau. Notre INTERLUDE de magie continue…

Prêtez-moi vos oreilles.
Là-bas, au fond de la forêt, par les nuits de pleine lune, il se passe des choses magiques.
C’est l’hiver, la neige recouvre tout le paysage, pas un bruit. Seul parfois un corbeau perce le silence de son « croa-croa ».
La forêt est là, magnifique avec la neige. Des milliers de cristaux scintillent le long des branches des sapins. Tout est feutré, ouaté.
Puis la nuit descend. Les étoiles s’allument dans le ciel de neige, semblables à des flocons qui seraient restés collés au ciel couleur marine. La lune se lève, monte tout doucement au-dessus des arbres, elle aussi entourée d’un halo cotonneux. Elle est ronde, pleine et elle brille, suspendue au-dessus de la forêt.
Soudain, une ombre se détache, rampe sur le sol. Quelle est cette ombre ?  Un animal ?  A-t-il des pattes ? Car cette ombre s’enfonce dans la neige souple, douce, profonde. L’ombre avance doucement. Elle avance…avance…sort de la futaie prudemment, s’arrête, écoute. Pas un bruit, alors elle peut continuer…et elle continue. Qui est-elle ? Où va-t-elle ? Elle avance toujours…avance…avance…avance…sûre d’elle, comme si elle avait un rendez-vous fixé d’avance. La lune brille…la lune éclaire la clairière où la bête –car s’en est une- vient d’arriver.

Là, commence la magie, le rêve. L’ombre n’est plus une ombre, mais un loup, un loup magnifique, un loup qui semble bleu dans la lueur de la nuit.
Aucun vent. Et pourtant c’est comme un bruissement, un murmure, une musique. Oui, c’est une musique.
Un piano joue quelque part dans cette forêt enchantée. Les premiers accords d’une valse lente se font entendre et le Loup Bleu, magnifique, s’élance, tourne, tourne, s’arrête, repart, sur le temps tantôt lent, tantôt rapide. Le Loup Bleu danse, caressé par les rayons de lune.
Puis, quand les étoiles s’éteignent une à une, comme dans une salle de bal, quand la lune, comme un chef d’orchestre, laisse la place au jour, quand le coq annonce une nouvelle journée, la forêt enchantée redevient calme, feutrée, ouatée sous la neige. Les cristaux scintillent sur les sapins comme des guirlandes oubliées de la nuit.
Personne ne peut soupçonner ce qui se passe les nuits d’hiver, les nuits de pleine lune.
Moi je sais. Et moi seule en ouvrant la fenêtre de ma chambre entend au loin une valse lente et imagine le Loup Bleu qui tourne, tourne, emporté par la mélodie de piano.

Pourtant…pourtant, lorsque vous vous allez vous promener en forêt, écoutez…écoutez prêtez vos oreilles au vent comme vous venez de me les prêter et je suis certaine que vous aussi vous entendrez la valse lente du Loup Bleu et vous laisserez emporter par la magie d’un tel instant.

 

Colette Laville-Dereau

 

Ce conte a reçu la Médaille d’Or à Pleneuf-Val-André (Bretagne) en 2006 et aussi le Grand Prix du Conte de Biscarosse en 2012

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